CONVERSATION FRANCO-HELLÉNIQUE
1er novembre │ 18h30 │Centre de Diffusion de la Recherche Universitaire (KEDEA)
Si l’Europe est aujourd’hui à l’agonie, le mal qui la ronge n’est pas européen. Il est mondial. Quelques décennies après la décomposition de l’idéal communiste, tandis que l’attachement aux principes de la démocratie représentative et de l’Etat de droit est à son tour déclinant, le « populisme » étend de tous côtés son emprise. Loin de remédier à la misère des peuples, les réaménagements politiques qui en résultent ont pour effet d’accroître le pouvoir des groupes dominants les plus directement intéresssés au maintien et même à l’accélération d’une croissance de type capitaliste par nature destructrice des équilibres dont dépend la vie sur cette planète. Trump et Bolsonaro sont sans doute, sur le plan mondial, les deux meilleurs exemples de cette collusion entre populisme, capitalisme sauvage et destruction du bios commun à tous.
Tant sur le plan de l’Union que dans chacun des pays membres, nous, Européens, sommes pris dans ce processus global. L’illibéralisme triomphant des populistes étant la traduction en même temps que l’allié politique de la dérégulation imposée dans tous les domaines par les puissances d’argent, le recul des démocraties classiques et son corollaire, la détérioration accélérée de tous les écosystèmes, semblent devenus inévitables. C’est sur cet arrière-plan que sera présentée une critique sémiotique du « populisme » en tant qu’un des facteurs de la crise globale de notre temps.
L’analyse sera conduite dans les termes du modèle interactionnel que nous avons proposé en 2005 (Les interactions risquées, Limoges, Pulim). Elle visera d’une part à situer les principes communs aux divers populismes à l’intérieur d’une typologie des régimes politiques (totalitarismes, absolutismes, démocratie représentative, démocratie directe) établie à partir de la distinction théorique entre quatre grands régimes de sens dans l’interaction ; d’autre part à rendre compte de la spécificité des stratégies de mise en scène auxquelles paraît tenir pour une bonne part la faveur des mouvements en question (rhétorique de la co-présence immédiate et du « parler peuple », exaltation des « passions tristes » (J. Fontanille) telles que l’égoïsme ou l’envie, appel aux pulsions viscérales telle que la haine raciste).