La francophonie dans le nord de la Grèce

La francophonie dans le nord de la Grèce

La fête de la Francophonie est célébrée chaque année dans le monde autour de la Journée du 20 mars, date à laquelle fut publiée cette Chronique du Jeudi. Nous y présentons le paysage francophone dans notre circonscription du nord de la Grèce¹, en hommage à toutes celles et ceux qui ont choisi d’apprendre le français.

Comme nous avons eu l’occasion de l’évoquer dans d’autres chroniques, la langue et la culture françaises se sont imposées à Thessalonique à partir de la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Déjà utilisé dans le commerce et la diplomatie, le français devient la seconde langue de la population instruite grâce au développement d’un dispositif d’enseignement en français de qualité, reposant sur plusieurs établissements : celui des Filles de la Charité créé en 1856 ; des Frères De La Salle en 1888 ; de la Mission laïque française en 1906² ; sans oublier les écoles franco-juives ouvertes en 1873 par l’Alliance israélite universelle, qui voit l’éducation à la française et les « idées françaises » comme un levier émancipateur. L’utilisation du français, par la suite renforcée par la présence française de l’armée d’Orient³, est visible dans tous les milieux : dans le monde du travail, les débats d’idées, dans les nombreux journaux francophones⁴, les cafés, les clubs ou les librairies. Il influence la mode, l’alimentation, les « bonnes manières » et les loisirs de la société thessalonicienne.

De nos jours, le français est toujours bien présent dans la circonscription.

Les francophones sont conscients de leurs atouts : ils peuvent communiquer avec les quelque 300 millions de locuteurs français présents sur les 5 continents, et ainsi s’ouvrir à d’autres cultures et d’autres modes de pensée ; poursuivre leurs études en France ou dans d’autres pays francophones voire anglophones au sein des meilleures écoles et universités ; renforcer leurs compétences professionnelles (puisqu’ils maîtrisent une langue de travail internationale, officiellement utilisée par les Nations Unies, l’OTAN, et toutes les institutions de l’Union européenne) ; s’informer différemment (sur internet, dans les médias via des chaînes telles que TV5 Monde, ou des radios et podcasts spécialisés) ; accéder plus facilement à d’autres langues proches du français (à l’instar des langues latines comme l’espagnol, l’italien, le portugais ou le roumain, mais aussi de l’anglais dont 50 % du vocabulaire actuel provient du français).

Les enseignants de français sont nombreux et travaillent en étroite collaboration avec les trois coordinatrices pédagogiques pour le français dans le nord de la Grèce. Parmi eux, plus de 500 professeurs sont affiliés à l’APLF, l’association des professeurs de langue française spécifique à la partie septentrionale du pays, basée à Thessalonique.

A l’université, le français est enseigné dans la plupart des campus. L’université Aristote de Thessalonique dispose d’un département spécifique de Langue et littérature françaises (ils sont les deux seuls en Grèce avec celui d’Athènes). Elle propose l’apprentissage du français dans de nombreux départements, comme le font d’autres universités du nord de la Grèce telles que les universités de Macédoine (PAMAK), Macédoine Occidentale, Ioannina ou Démocrite de Thrace.

Le français est enseigné partout au niveau du secondaire, avec quelque 50 000 apprenants pour le nord de la Grèce. La réintroduction d’une seconde langue vivante étrangère au lycée depuis la rentrée 2020 permet la présence du français dans presque tous les établissements du pays.

Dans le primaire, où l’on choisit sa deuxième langue vivante étrangère à l’âge de 10 ans (équivalent du CM2 en France), on totalise plus de 25 000 apprenants de français dans la circonscription.

À Thessalonique, de nombreuses écoles proposent un enseignement de la langue française. L’École française de Thessalonique (EFT) est toutefois la seule à permettre une scolarité entièrement en français, tout en maîtrisant aussi l’anglais et le grec, pour des élèves de 2 à 18 ans. Deux écoles franco-helléniques permettent un enseignement partiel en français à Thessalonique, celles de Kalamari et De La Salle.

L’Institut français de Thessalonique, qui propose également de nombreux cours et certifications de langue française, se joint régulièrement aux élèves et aux professeurs, ainsi qu’aux associations franco-helléniques de la région⁵, pour organiser et prendre part à de multiples événements, au nombre desquels figurent la fête de la Francophonie, le Choix Goncourt de la Grèce⁶, le Salon international du livre de Thessalonique (où la France et la Francophonie ont déjà été à l’honneur), ou encore les Marathons de lecture pour la Francophonie.

Fort de ses nombreux locuteurs, enseignants, étudiants ou simples francophiles, le français a donc encore de beaux jours devant lui en Grèce.

¹ La circonscription du consulat général de France à Thessalonique couvre les régions septentrionales suivantes : Épire, Thessalie, Macédoine Occidentale, Macédoine Centrale, Macédoine Orientale & Thrace.

² Voir la Chronique du Jeudi « 1906, La Mission laïque française ouvre sa première école à Thessalonique ».

³ Voir la Chronique du Jeudi « La francophonie dans le nord de la Grèce ».

⁴ Notamment Le Journal de Salonique, Le Progrès, L’Indépendant ou La Liberté.

⁵ Notamment la Nouvelle Amicale à Thessalonique, l’Association franco-hellénique de Ioannina, les associations franco-helléniques de Volos, la Maison d’Antoinette d’Alexandroupoli, l’Association de l’amitié franco-hellénique Serres-Fosses, ou le partenariat autour de la Dictée lavalloise entre les villes de Laval et Polygyros.

⁶ Voir la Chronique du Jeudi « Le Choix Goncourt de la Grèce organisé à Thessalonique ».

(Programme de la francophonie 2021)

 

Source des illustrations : Archives de l’Institut français de Thessalonique | Journal de Salonique

 

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